sábado, 7 de julio de 2007

"Picto Mambo". Paroles de Alain Le Quernec



Mon travail porte un nom” graphiste”, ce mot un peu général, un peu vague englobe un vaste monde ou se cotoient manipulateurs d’images et de textes ou plutôt des gens qui touchent un peu des deux.....moi on me traite d’affichiste, c’est un terme un peu désuet car il concerne un média d’un autre siècle.......J’aime ce support plus que tout, j’aime le minimalisme de son langage, j’aime le jeu de la cohabitation d’une image et d’un texte sur le même rectangle de papier, j’aime que cette simplicité ne limite pas, bien au contraire, la subtilité, l’intelligence des message véhiculés .....
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il y a longtemps je discutais avec Jan Lenica, un des grands maitres de l’affiche polonaise des années 60, et il m’expliquait qu’un panneau de signalétique routière c’était comme une affiche en bien plus fort.....C’est une évidence mais jusqu’alors je n’y avais guère prêté attention.
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La signalétique routière, comme l’affiche,communique par l’image et le texte mais avec une simplicité et une force nées de sa fonction.........
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Si j’ai peu utilisé ces dessins issus de la signalétique (les pictogrammes puisqu’on les appelle ainsi aujourd’hui) j’ai pourtant toujours été fasciné par eux.
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Fasciné par l’infinie variété d’une silhouette qui apparemment se veut simpliste et immuable mais qui ne peut échapper à la marque de celui qui le dessine, variations selon les pays malgré leur internationalisme ou même variation au fil du temps, ces petits dessins en disent beaucoup sur notre société. Par exemple l’image de l’homme qui marche, utilisée pour indiquer un passage piéton, est une silhouette masculine réduite à sa plus simple expression un tronc une tête deux bras et deux jambes mais si on y regardait bien, il n’y a pas si longtemps, la tête portait toujours un chapeau comme si cet accessoire purement occidental était partie intégrante du corps humain. Cela voulait dire qu’ il etait impensable d’être dans la rue tête nue..... que cela soit en France en Iran ou a Honk Kong.....
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Cela voulait dire que n’importe où dans le monde la silhouette était forcement occidentale et masculine (no comment) .Les nouveaux pictogrammes l’ont fait disparaitre mais il en reste encore beaucoup, regardez bien......
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Autre incongruité de ces pictogrammes, un passage à niveau non gardé est annnoncé par le pictogramme caractéristique de la locomotive a vapeur..... depuis plus de quarante ans celles ci ont disparu et pourtant leur image est toujours utilisée pour signaler un train.On pourrait dire la même chose de la métamorphose des téléphones.
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On retrouve dans l’ensemble de ces pictogrammes tous les éléments d’un langage basique, certains sont sujets, d’autres sont verbes, d’autres encore adjectifs, ils permettent, interdisent ou obligent. Ces pictogrammes sont ceux de notre environnement, des panneaux routiers, de la signalétique des batiments publics, des produits de notre consommation, indicatifs, informatifs, mettant en garde ou interdisant, ils sont les éléments d’un langage compris de tous.
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Comment ne pas être attiré par le jeu de manipulation de ces images, en les modifiant, en les détournant, en les manipulant, en les accouplant à d’autres pictogrammes pour faire naitre des messages inattendus.
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Voila ce à quoi n’ont pas pu resister Sonia et Gabriel. Ils arrivent ainsi à rassembler des collections d’images, variations, et declinaisons comme les series de signes et d’images appelées dingbats, auxquels nous avons tous recours un jour ou l’autre et parmi lesquels nous trouvons en pianotant la liste sur notre ordinateur l’objet de notre recherche....
Présenter ces pictogrammes à sens, les appeler des dingbats me semble judicieux, à les voir nous imaginons qu’un jour ou l’autre nous aurons recours à l’une d’entr’elles et nous les ferons défiler, jusqu’à la retrouver...
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Les appeler dingbats c’est aussi montrer que ces images peuvent être réduites à des tailles minuscules de par la nature même de leur graphisme, tout en restant parfaitement lisibles. Ce n’est pourtant pas à cette petite échelle que les images prennent leur sens, car à l’opposé ces images peuvent être projetées à des tailles monumentales.
Peut-être un jour, je développerai dans une affiche une image dont le concept existe déjà dans les dingbats de Sonia et Gabriel. Cela sera l’effet du hasard ou l’exploitation d’une mémorisation inconsciente, en tout cas cela serait unbel hommage rendu a leur travail....
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Alain Le Quernec. Juin 2007

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